Reconnaître les initiatives en faveur de politiques publiques sans tabac et sans lobbying
« Même si la France dispose d'assez bonnes mesures de protection, l'industrie du tabac trouve encore des moyens d'interférer et d'affaiblir les politiques de santé. Nous devons rester vigilants et dénoncer l'industrie pour ses tactiques d'ingérence et soutenir ceux qui la maintiennent à l'écart. »
Emmanuelle Béguinot
Directrice du Comité National Contre le Tabagisme < /citation de bloc>Arrière-plan
Chaque année, l'activité des compagnies de tabac contribue à la mort de huit millions de personnes dans le monde,[i] dont 75 000 en France. Depuis plusieurs décennies maintenant, le Comité National Contre le Tabagisme (CNCT) innove constamment en matière d'activités de plaidoyer pour dénoncer et faire campagne contre l'ingérence de l'industrie du tabac au niveau national.
La France est partie à la Convention-cadre de l'OMS pour la lutte antitabac (CCLTC de l'OMS) depuis le 27 février 2005. Même avant la CCLAT de l'OMS, la France disposait d'une législation antitabac connue sous le nom de Code de santé publique. Cependant, malgré de solides garanties contre l'ingérence de l'industrie du tabac, le recours par l'industrie aux détaillants de tabac et à leurs représentants pour promouvoir ses intérêts constitue un défi majeur.
Dans le récent Indice mondial d'interférence de l'industrie du tabac (GTI)[ii] France classé 4ème dans une enquête menée auprès de 80 pays, ce qui indique un niveau relativement faible d'ingérence de l'industrie du tabac. En 2021, comme ailleurs, l’industrie du tabac du pays a profité de la pandémie de COVID-19 pour redorer son image publique et faire pression sur les décideurs politiques pour qu’ils évitent l’adoption de mesures préventives telles que la reprise d’une politique fiscale forte et a remis en question l’harmonisation des taxation des produits du tabac chauffés.
Si la France est mieux protégée de l'influence de l'industrie du tabac que d'autres pays, cela ne signifie pas que l'industrie du tabac et ceux qui représentent ses intérêts ne s'immiscent pas activement dans les politiques publiques. L'industrie du tabac trouve un moyen d'intervenir. Selon le directeur général du CNCT, le classement de la France dans le GTI implique que les pouvoirs publics et la société civile doivent rester vigilants face aux tentatives récurrentes de l'industrie du tabac d'influencer les décisions de santé publique dans le pays.
Récompenser les champions de la lutte antitabac et dénoncer les intrus de l'industrieEn 2021, le CNCT a lancé la troisième édition de son Index à travers deux tables rondes et une cérémonie de remise de prix pour mettre en avant les meilleures initiatives en matière de protection des politiques de santé publique ainsi que pour dénoncer les pires pratiques de lobbying de l'industrie du tabac.
La première table ronde s'est concentrée sur les risques et les implications de la stratégie de réduction des méfaits de l'industrie du tabac. Les réponses à la prolifération de nouveaux produits du tabac et les stratégies pour contrer cette campagne de désinformation ont été au cœur du débat. La deuxième table ronde s'est concentrée sur les stratégies visant à améliorer la mise en œuvre des lignes directrices de l'article 5.3 dans le pays. Les intervenants ont abordé la portée et les défis de la mise en œuvre de l'article, y compris les mesures supplémentaires nécessaires pour faire face aux changements actuels dans l'offre et les pratiques de l'industrie du tabac.
Pour les cérémonies de remise des prix, la CNCT a récompensé des individus et des organisations locales dans deux catégories : des récompenses positives sur l'article 5.3 reconnaissant les initiatives visant à lutter contre l'ingérence de l'industrie du tabac, et des récompenses dénonçant les pires formes de tactiques d'ingérence.
Le Prix de l'indépendance de l'article 5.3 a été décerné au ministre de l'Économie et des Finances qui a fait preuve de bonnes pratiques en limitant l'interaction entre les autorités et l'industrie du tabac. Le Prix Article 5.3 pour l’Initiative politique/juridique a été décerné à M. Christophe Castaner pour la conformité de son action parlementaire aux directives d'application de la CCLAT, et Prix 5.3 de l'Information décerné au journaliste Stéphane Horel du Monde pour ses articles d'investigation sur l'influence du tabac industrie.[iii]
Le prix Butt of Interference a été décerné à KPMG, le cabinet de conseil, pour avoir été un outil de désinformation et promouvoir les intérêts de l'industrie du tabac. The Butt Outlaw a été décerné à Japan Tobacco International pour avoir exploité une faille commerciale pour vendre des produits du tabac mentholés, malgré leur interdiction dans l'Union européenne depuis mai 2020. L'interférence avec les mégots de cigarettes a été décerné à Charles de Courson et Lise Magnier pour leur rôle dans les modifications des mesures en faveur de Philip Morris contre les intérêts de santé publique.
Le CNCT a utilisé efficacement les index nationaux et a intégré de manière innovante la manière de relever les défis liés à l'ingérence de l'industrie du tabac à travers diverses activités de plaidoyer. Ces efforts ont ouvert la voie à l’avancement de lois et de réglementations solides en matière de lutte antitabac ainsi qu’à la sensibilisation des parties prenantes et du grand public.
À propos du CNCT : Un pionnier des campagnes de prévention et mène des activités en collaboration avec le tabac national et international lutte contre le cancer et travaille en partenariat étroit avec le ministère de la Santé et l’Institut national du cancer. Nous étendons notre assistance technique aux cadres de santé français et étrangers de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique.
[i] Comité National Contre Le Tabagisme. Les prix 5.3 – Sans tabac et sans lobby. Disponible sur : https://bit.ly/3tJ5WCl
[ii] GGTC. Indice mondial d’interférence de l’industrie du tabac. Disponible sur : https://bit.ly/3O52pGw
[iii] Comité National Contre Le Tabagisme. Les prix 5.3 – Sans tabac et sans lobby. Disponible sur : https://bit.ly/3HLxn4l